Mi 1999 tous les sondages d’opinion nous rapportent que Martine Aubry est le personnage le plus apprécié à gauche. Elle occupe alors le devant de la scène politique en tant que ministre en charge du social, du travail et de la santé à la place de numéro 3 du gouvernement.
Les 350 000 emplois de semi-fonctionnaires, c’est elle; les 35 heures, c’est aussi son idée, le basculement massif des cotisations sociales sur la CSG, une autre décision de Martine Aubry; la mise sous condition des allocations familiales, encore elle; la réduction des aides pour les emplois familiaux, toujours elle; sans parler de la couverture maladie universelle…
Mais qu’elle est la face cachée de Martine Aubry ?
On connaît son animosité envers Dominique Strauss-Kahn mais Martine Aubry n’aime pas beaucoup de monde dans le sérail socialiste, et surtout pas les autres femmes. Cette féministe déterminée n’a que mépris pour ses collègues, Ségolène Royal, « une crétine« , Frédérique Bredin, « une petite oie« , Elisabeth Guigou, « une poupée barbie« . Il y a quelques années, notre indulgente donnait encore (par derrière) du « looser absolu » à Lionel Jospin. Mais elle a, paraît-il, rengainé ce sobriquet. Etrange militante, étrange ministre. A la fois socialiste pure sucre et atypique, sectaire et sinueuse, souvent détestée de ses amis politiques.
Visage fermé, constamment renfrogné, Martine Aubry donne parfois l’impression de se lasser du réel, de lui préférer a priori et préjugés. Elle démantèle tout le système d’allocation familiales, toutes les aides à la famille, mais elle n’en a cure. Elle qui n’a élevé qu’un enfant, ne comprend pas que la famille plus nombreuse relève d’une autre logique.
Elle est caractérisée par une constance, poussée parfois jusqu’à l’intolérance, revendiquée sitôt qu’on parle du Front National. Mais c’est la droite entière qui est à ses yeux suspecte.
Derrière l’image qu’elle livre d’elle même depuis des années, et qui a fini par s’imposer dans l’opinion, se cache une autre Martine Aubry, sculptée par l’ambition politique et corsetée dans ses certitudes. Elle se décrit volontiers sincère, attentive aux autres, droite comme l’obélisque et à jamais dégoûtée des tartufferies politiciennes. « Je ne suis pas faux-cul, jure-t-elle, je dis toujours ce que je pense, et tant pis si cela ne plaît pas. » Et avec ça généreuse, le coeur sur la main et l’émotion facile, préoccupée des exclus et dénuée, cela va de soi, des basses ambitions du sérail. « Si vous savez comme je me méfie du pouvoir« , dit-elle.
A la regarder s’agiter sur la scène politique, la fille de Jacques Delors semblerait même avoir les quenottes un rien plus aiguisées que la moyenne. Son objectif inavoué: conquérir Matignon, devenir la première femme présidente de la république. Elle ne pense qu’à ça.
Mais quelle est la recette politique de cette femme hors du commun? Cela se résume en peu de mots: des convictions fluctuantes, une combativité qui laisse tout le monde pantois, la barre à gauche le plus souvent possible, et pour enrober le tout, une gestion d’image d’une redoutable efficacité.
Si on jette un coup d’œil sur son état de service, il y a de quoi prendre peur.
Le patron de la Direction statistique du ministère du travail a refusé de cosigner le bilan emploi des 35 heures concocté par sa ministre. Manipulatrice de statistiques, la numéro 3 du gouvernement? Hélas oui. La surestimation du bilan des 35 heures, aujourd’hui dénoncé par tous les experts, n’est en effet pas son coup d’essai. Elle manie par exemple la serpette dans les listes de sans emploi, minore les déficit gênants ou cachant des données statistiques dérangeantes. « Il faut dire la vérité au français! » clame t’elle dès qu’un micro pointe le bout de son nez .
La madone du parler vrai ne réserve pas ses petites menteries à l’opinion publique: elle les distille sans ciller à quiconque passe la porte de son bureau. « Je n’ai jamais vu quelqu’un trahir la vérité avec autant d’impudence« , s’agace un haut responsable syndical.
En 1993, convaincue que les socialistes viennent de perdre le pouvoir parce qu’ils ont gouverné trop au centre, elle décide de donner un bon coup de volant à gauche.
Elle crée une fondation « agir contre l’exclusion grâce à l’aide de grands patrons. Commence alors une superbe opération de communication politique mais au total, sa fondation va se révéler plus efficace pour conforter l’image de sa présidente que pour reclasser les exclus. Elle se sert au contraire des locaux et du personnel pour son compte personnel. « Aubry n’avait aucun respect pour son entourage« , témoigne Pascale Beck, aujourd’hui à Bercy.
La fille de Jacques Delors a des idées que l’on a du mal à suivre. C’est simple, elle aime tellement les convictions qu’elle en change avec les saisons. Mais n’attendez pas qu’elle le reconnaisse, cette battante est toujours persuadée d’avoir raison ! « Il faut dire la vérité aux français, la baisse du coût du travail ne créerait aucun emploi« , s’époumone-t-elle par exemple en 1991 à l’adresse de Pierre Bérégovoy, bien trop libéral à son goût. Elle passe aujourd’hui son temps à marteler l’inverse. Faut il évoquer les 350 000 emplois jeune, qu’elle mettait la dernière énergie à combattre il y a 3 ans dans les réunions du PS. « Elle n’arrêtait pas de dire que c’était une connerie » se souvient un participant. Quant aux 35 heures payées 39… Pendant des années, notre dame de fer n’a pas trouvé de mots assez dur pour condamner cette supercherie.
La vérité, c’est que la ministresse a tendance à broder son canevas idéologique avec le fil de ses ambitions. « Entre son propre intérêt et l’intérêt de la France, elle choisira toujours le premier » d’après un parlementaire du groupe socialiste à l’Assemblée. Faire semblant d’agir. De parler vrai. D’écumer le terrain. De faire de la politique autrement, Manque un dernier trait pour achever le masque de la parfaite présidentiable: paraître sympa. « Il est impossible d’avoir une discussion avec elle« , s’irritent de nombreuses personnes. De temps à autre, « la mèremptoire », comme on la surnomme au PS, pousse le « granitisme » jusqu’à l’absurde. Ainsi persiste-t-elle à soutenir qu’elle n’a pas changé d’avis sur les 35 heures (interview au Monde, 1998). « Parfois, elle est impayable« ; s’amuse l’un de ses conseillers. Mais, le plus souvent, brutale à faire frissonner un capitaine de hussards. Pas commode, l’Aubry. Il faut dire que la pauvre ministre répète à ses proches qu’elle est entourée de cons.
Qui vaudrait d’une telle femme comme présidente de la république ou même premier ministre. Elle est tellement dénudée de qualités humaine que se serait vraiment une catastrophe pour la France. On ne peut que plaindre ces pauvres lillois qui vont devoir la supporter en tant que maire, si tout marche comme prévu lors des prochaines élections municipales .Mais il ne faudrait pas que Martine Aubry se figure que les français aient la mémoire trop courte. Son bilan marquera encore longtemps la France des ses effets désastreux.
« Les 35 heures payées 39, c’est une supercherie ». Les Echos, 20 juin 1994.
Aujourd’hui, elle se félicite des accords sur les 35 heures qui, pour la plupart, ne prévoient pas de baisse de pouvoir d’achat.
« Si vous saviez comme je me méfie du pouvoir ». L’Evénement du jeudi, novembre 1997.
Peut-être qu’elle s’en méfie, mais cela ne l’a pas empêchée de se battre pour être numéro 2 du gouvernement. (avant le départ de Strauss-Kahn)
« La vraie intelligence, c’est d’intégrer dans son propre raisonnement le discours des autres. » L’Evénement du jeudi, novembre 1997.
Belles paroles qu’elle applique peu… Son incapacité à écouter les autres a valu à Martine Aubry d’être baptisée par ses camarades socialistes la « mèremptoire ».
Elle a tout fait pour dissuader son père, Jacques Delors, de se présenter à l’élection présidentielle.
Pourquoi donc? Certainement pour lui laisser plus de chance d’être un jour candidate aux élections présidentielles.
D’après un article de Alexis de T. et Jean-Baptiste S.
Hautaine et socialiste ?